La situation génétique des vaches laitières vue par les bilans
L'évolution génétique des taureaux utilisés et des troupeaux de vaches en production donne une idée des tendances futures pour le cheptel laitier. Au moment où les possibilités de production de lait deviennent plus ouvertes, la conduite devra s'adapter aux futures femelles, dont le niveau génétique lait va progresser à un rythme ralenti par rapport aux années passées.
La situation génétique des troupeaux laitiers est donnée par les divers bilans génétiques édités par l’Institut de l’élevage :
- · Bilan d’indexation laitière : la moyenne des index des vaches, pour chaque génération par année de naissance ;
- · Le cheptel laitier français : l’index moyen des troupeaux et les prévisions d’évolution génétique, en « accouplant » les index moyens des taureaux et les index moyens des vaches qui vêlent l’année suivant les inséminations.
Ces bilans sont réalisés pour les races indexées : abondance pie-rouge, brune tarentaise, simmental, montbéliarde, normande, prim’holstein. Pour cette année, un focus est proposé sur la race prim’holstein.
Voir les courbes en cliquant ici |
Le progrès génétique laitier marque le pas : depuis 2007, le niveau génétique lait des inséminations reste stable, sans progrès. Comme dans le même temps le niveau génétique des troupeaux de femelles continue de s’élever, c’est seulement à partir de maintenant, 2014-2015, que le rythme de progrès génétique laitier des vaches en production va ralentir, pour devenir 50 kg/an au lieu de 100 auparavant.
Le retour des taux : simultanément, comme l’index TB moyen des taureaux utilisés redevient croissant, la chute du niveau génétique TB des femelles amorcée depuis le milieu des années 1990 (3‰ perdus) va cesser. Le niveau génétique TP continue son léger progrès.
La génomique donne un coup de pouce aux fonctionnels : de meilleures possibilités de sélection de la reproduction (fertilité) et de la santé de la mamelle (cellules et mammites) sont ouvertes. On le voit au bilan des inséminations, qui promet des progrès pour les femelles dans les prochaines années.
Un accent très fort est mis sur la morphologie : les décisions résultant de l’offre des entreprises de sélection dans les catalogues et des choix des éleveurs portent vers des taureaux qui assurent en morphologie. Pour comparer, les 2,5 points d’index morphologie apportés en 10 ans côté pères par les taureaux d'IA sont équivalents à 50 points d’INEL, alors que l’INEL dans le même temps a progressé de 27 points.
Un écart entre l’objectif défini dans l’ISU et la sélection réalisée dans les troupeaux. Les orientations de sélection effectives sont donc différentes de l’objectif annoncé dans l’ISU prim’holstein : il est clair que le poids attribué à la morphologie dans les choix de sélection qui produisent les nouvelles générations de femelles dépasse largement 15%, et sur les années récentes, la part de la production de lait est inférieure aux 35% qui lui ont été attribués dans l’ISU.
Et dans les autres races ?
Ces tendances sont moins marquées dans les autres races, bien qu’en montbéliarde, on note aussi un engouement accru pour la morphologie. En normande, le progrès génétique laitier conserve un rythme régulier. Une belle vague de taureaux simmental promet des progrès pour les futurs troupeaux en production et en morphologie. La pie-rouge utilise des taureaux dont les évaluations sont basées sur la génomique, via la race prim’holstein, et les tendances ne sont pas encore perçues avec précision. En abondance, un peu de progrès laitier est attendu pour les prochaines générations de femelles, et on espère en tarentaise une petite augmentation de la quantité et de la richesse du lait. L’utilisation des taureaux de race brune montre une évolution positive sensible pour les caractères fonctionnels.
Amandine Launay (Institut de l'Elevage), Pascale Le Mezec (Institut de l'Elevage)