Se sont pas moins de 50 personnes (de 17 à 67 ans?) qui se sont déplacé le 15 juin lors du voyage du syndicat Armor Prim’Holstein dans le Morbihan. Au programme 2 visites aux thèmes bien différents :
10h : Visite du Gaec des moulins de Kerolet *
- Gaec à 3 associés, Bruno et Erwan CALLE, et Ludovic JARLIGANT à Arzal (56) ;
- 2 salariés et un apprenti ;
- 1,7 millions de litres de lait, 3 robots, pointage : 81,3 points ;
- 200 ha ;
- 1600 m² de panneaux photovoltaïques depuis 2009 ;
- 350 kW de méthanisation depuis 2013 ;
- Séchage plaquettes bois et fourrage grâce à la chaleur produite.
La dynamique présentation de l’entreprise a permis de donner des idées et des perspectives pour les éleveurs présents. Pour reprendre quelques termes de ces chefs d’entreprise :
« Vous avez de l’or dans vos fosses ! De la vache au champ il vous manque une valeur ! »
« Ne laissez pas vos toits nus, ils sont une source de revenu, coûtant zéro temps !»
« Si ça marche chez nous, ça doit aussi être transposable ailleurs »
ATELIER LAIT
Le GAEC procède à l’essai d’un prototype de robot d’alimentation de la marque LUCAS capable de distribuer du fourrage en vert car l’autochargeuse ne peut pas rentrer dans le bâtiment..
Les vaches en lait sont séparées en deux lots :
- un lot de 110 vaches en début de lactation sur 2 robots ;
- un lot de 70 vaches en fin de lactation, sur 1 robot, avec une ration “low cost” et le concentré distribué entièrement par le robot.
L’étable est équipée d’un système d’hydro-curage avec séparation des phases liquides et solides.
Les robots sont pourvus de systèmes de lavage des membres avec parfois désinfection (quand cela est nécessaire). Ce système de lavage et de désinfection permet de maitriser les dermatites.
Le troupeau a une moyenne d’étable de 8500 kg de lait avec surtout un objectif technico-économique.
Un demi kilo de paille et de la farine de bois sont utilisés dans les logettes en guise d’asséchant.
Les vaches laitières ne sortent plus de l’étable.
METHANISATION :
Le système est composé de 3 fosses étanches (grâce aux bâches) appelées digesteurs.
A l’entrée des digesteurs une trémie prépare un mélange composé de matières solides et de la phase liquide issue de l’hydrocurage.
Le mélange est composé en moyenne de :
- 65% de fumiers et lisiers frais (moins de 72 heures). En effet, un fumier qui a déjà chauffé a perdu une partie de son potentiel de méthane dans l’atmosphère.
- 10% de refus d’alimentation ou de refus de pâturage,
- 10% de CIVE (couverts intermédiaires à vocation énergétique). Une partie de ces couverts sont ensilés pour servir de stock de fourrages pour les génisses en cas de mauvaise année climatique. S’ils ne sont pas utilisés, ils vont au méthaniseur.
- 15% de produits extérieurs.
Cela peut être par exemple du marc de pommes, des corps gras (huile) ou des produits inutilisables issus des laiteries (accidents de process, lait acide ou antibiotique).
Ces produits sont le “concentré” des digesteurs, car ils possèdent un fort pouvoir méthaniseur. Par contre, utilisés en trop grande quantité ils font chuter le PH et stoppent la fermentation (c’est le même principe que l’acidose).
Parmi ces produits extérieurs, on peut également trouver des fumiers apportés par quelques voisins.
Malgré ces apports extérieurs, Bruno Callé précise qu’un éleveur laitier peut être tout à fait autonome pour entretenir un méthaniseur avec seulement les produits issus de l’exploitation.
Il est par contre indispensable que les VL ne sortent plus pour avoir le même apport de fumiers et lisiers toute l’année.
Deux moteurs de 360 kW fonctionnant uniquement au bio gaz produisent de l’électricité qui est vendue à EDF.
La chaleur issue du refroidissement du moteur est réutilisée à la fois au maintien de la température des digesteurs et au séchage de bois ou de fourrages.
Après un essai de séchage en trémie qui s’est révélé peu intéressant, les associés ont créé, depuis un an, un système de séchage à plat plus efficace et polyvalent. Il permet de sécher des plaquettes de bois qui sont revendues pour des chaudières industrielles ainsi que de l’herbe, du trèfle ou du maïs épis.
Ce recyclage de la chaleur permet l’optimisation maximale de l’énergie résiduelle engendrée par l’installation.
Le digestat issu de la dégradation des matières organiques est épandu sur les terres agricoles. Il a l’avantage de garder le même pouvoir fertilisant que les fumiers et lisiers qui sont à son origine. Il est dépourvu d’odeurs et à le pouvoir de remonter le PH des terres.
Grâce au disgestat, le GAEC n’achète plus d’ammonitrate.
Le méthaniseur nécessite un 1/2 temps plein en comptant les fauches, les épandages, la gestion des problèmes et la surveillance du système.
Bruno précise que le temps d’amortissement est de 8 ans pour l’installation de méthanisation. Au delà des 8 ans, le rapport est au maximum. En attendant la méthanisation permet baisser le coût de production de l’atelier lait grâce à la baisse des intrants (zéro achats d’engrais et de minéral) et une meilleure valorisation des fourrages.
En effet tous les fourrages, même de mauvaise qualité ont une valeur :
- les meilleurs fourrages sont valorisés par les vaches ;
- les moins bons, par le méthaniseur.
Le principal obstacle rencontré par les associés est l’acceptation sociale des riverains pour deux raisons :
- la crainte engendrée par le bio-gaz. Bio ça va, c’est par contre le mot gaz qui suscite l’inquiétude. A ce sujet, il faut surtout communiquer car au final il y a très peu de gaz présent au même moment dans l’exploitation (l’équivalent de quelques bonbonnes de gaz domestique) puisque qu’il est brulé continuellement par les moteurs. Dans un quartier résidentiel, il y a souvent bien plus de gaz si on regroupe toutes les bombonnes présentes dans les maisons.
- un problème d’accès. En effet l’accès au GAEC passe par un lotissement et les riverains se plaignent du trafic de camions (livraison et enlèvement du bois de séchage) et d’engins agricoles.
Une solution est envisagée en créant un autre accès traversant uniquement des parcelles agricoles.
PHOTOVOLTAÏQUE
Ce sont 1600 m² de panneaux photovoltaïques qui ornent les toitures de différents bâtiments de l’exploitation.
Le nettoyage des panneaux est réalisé une fois par an par une société.
Le prix de rachat de l’électricité est garanti pendant 20 ans par EDF. Les panneaux sont amortis au bout de 9 ans.
Le rapport est de 10 000 euros par an au bout de 9 ans.
*texte tiré du site PHF par M. LANCIEN lors de l’AG du Morbihan le 23/03/17
Après cette visite et cet exposé très complet, uniquement fait par Bruno CALLE, nous nous sommes avancés vers le barrage d’ARZAL afin d’y prendre un pique-nique sachant que le « p’tit dèj » était déjà un peu loin pour les premiers qui avaient pris le bus à 6h30…
Un peu après 14h nous nous sommes rendus au GAEC DU BON VENT sur la commune de LOCQUELTAS pour y rencontrer Mrs LE BLEVEC Bruno et LE ROCH Michel, éleveurs passionnés de famille de vaches dont certains des produits sont connus de par le monde (DU BON VENT ATACAMA, DU BON VENT INKAPI…). Quatre animaux avaient été gardé à l’étable dont 2 étaient présents au régional des TERRALIES 2017 (dont DU BON VENT LEDZEPK [Detox X Sid] Championne Espoir et la remarquable NOBELL GESS [Dombinator] agée de 20ans).
Nous sommes partis ensuite en pâture découvrir le reste du troupeau et les ascendants notamment des très bonnes vaches évoquées plus haut, traduisant la volonté des éleveurs de travailler avec des vaches qui vieillissent en axant notamment leurs objectifs de sélection sur la mamelle et les membres (Pointage moyen 87.2 avec 87.6 MA / 88 SL / 85 ME).
Merci à tous pour cette journée conviviale et instructive et un grand merci aux éleveurs visités.